Mal-Partum – Quand je suis devenue mère

Le post-partum est un territoire encore trop peu exploré au cinéma : ses douleurs, ses silences, ses tabous. Mal-Partum – Quand je suis devenue mère (titre original The Sound of Crying – When I Became a Mother) offre à ce sujet une voix forte, douce et (nécessairement) sincère. Par le biais de l’animation, de la mémoire, du souvenir, Émilie D. nous plonge dans l’intérieur d’un vécu féminin souvent passé sous silence.
« Il n’y a pas de souffrance qui soit tolérable si on peut l’éviter ou la rendre moins intense »
Résumé
Émilie a un fils de huit ans. Un soir, alors que l’enfant dort, elle revient mentalement sur les jours qui ont suivi son accouchement. Elle raconte ce vécu intime : la solitude, l’épuisement, le sentiment de dérive, et la peur diffuse qu’elle aurait pu basculer dans une forme de dépression post-partum si le mal-être psychique n’avait pas été reconnu à temps.
À travers l’animation, elle met des mots, des images, des sensations sur ce que vivent tant de mères, mais que l’on tait. Le film interroge : pourquoi ce tabou ? Qu’est-ce que cela coûte de ne pas parler ? Et comment accompagner celles pour qui le chemin est plus douloureux ?
Ce qui distingue ce film
Quelques éléments qui rendent Mal-Partum particulièrement marquant :
- L’animation comme moyen d’expression : le recours à des séquences animées permet de donner forme à l’invisible, au psychique, à l’indicible. Les souvenirs, les sensations sont habillés de poésie, ce qui allège, mais aussi rend plus palpable le malaise intérieur.
- L’honnêteté du témoignage : ce n’est pas juste une fiction, c’est un récit personnel, d’Émilie elle-même. Il y a quelque chose de fragile, d’authentique, qui ne cherche pas à dramatiser pour exister, mais simplement à partager ce que beaucoup ressentent — souvent en silence.
- Le diagnostic précoce comme pivot : le film souligne l’importance que le mal-être soit reconnu tôt, pour éviter la dérive vers des troubles plus graves. Cela pose la question de la sensibilisation, du soutien autour de la maternité.
- Le tabou comme thème central : silence de la mère, incompréhension ou manque d’écoute de l’entourage, invisibilité sociale du vécu post-accouchement. Mal-Partum invite à déplacer les regards, à ouvrir le dialogue.
Enjeux et portée
- Santé mentale et parentalité : le film s’inscrit dans un mouvement (modeste mais essentiel) de prise de conscience autour de la santé mentale maternelle. Le post-partum, dans ses formes les plus sévères, peut avoir des conséquences lourdes — et ce type de film contribue à sensibiliser le grand public.
- Réconfort et reconnaissance : pour les mères qui vivent ou ont vécu ce qu’Émilie décrit, Mal-Partum peut agir comme miroir : voir leur vécu reconnu, entendu, représenté, peut faire la différence. C’est aussi un outil potentiel pour les professionnels de la périnatalité.
- Question sociale et tabou culturel : pourquoi tant de mères se sentent-elles isolées après l’accouchement ? Pourquoi le discours autour de la maternité reste-il souvent idéalisé, sans place pour la souffrance, la fatigue psychologique, le doute ? Le film interroge nos attentes sociales, familiales, culturelles autour de ce qui devrait être un moment de bonheur, sans défaut.
En bref
Mal-Partum – Quand je suis devenue mère est un film courageux, nécessaire, qui apporte de la lumière dans les zones d’ombre de la maternité. En mêlant témoignage, animation et introspection, Émilie D. ouvre une conversation qu’il faut amplifier : autour du post-partum, du soutien, de la vérité derrière les apparences. Pour toute personne intéressée par la parentalité, la psychologie, le cinéma engagé, c’est une œuvre à voir, à ressentir, à partager.
LES – :
- Le format court (18 minutes) limite la profondeur possible : certaines émotions, certaines dynamiques restent en filigrane, non pleinement explorées. A quand un second épisode Emilie D. ?
- Le choix de l’animation allège, mais il peut distraire certains spectateurs qui attendraient un style plus documentaire ou plus « brut ».
- Le risque de l’universalité : même si le témoignage est puissant, toutes les mères ne vivent pas les choses de la même façon — contexte social, entourage, santé, culture… Le film parle d’une expérience, mais ne peut englober toutes les variations.
LES + :
✨ Un témoignage sincère : Émilie raconte son histoire sans fard, avec beaucoup de douceur.
🎨 L’animation poétique : parfaite pour donner vie à l’invisible (les sensations, les pensées, les peurs).
💬 Un tabou levé : enfin un film qui ose parler du post-partum autrement qu’en clichés.
🤝 Un soutien indirect : même si tu n’as personne à qui en parler, ce film te rappellera que ton vécu est légitime.
⏱️ Un format court : 18 minutes c’est peu mais c’est facile à regarder entre deux moments de ta journée de maman.
Mal-Partum – Quand je suis devenue mère n’est pas juste un film, c’est un espace pour souffler, se sentir moins seule et remettre un peu de lumière sur une étape de vie trop souvent passée sous silence. A découvrir ici.

