Pas faite pour être mère

« Jamais je ne répèterai ce que j’ai vécu. C’est ma hantise absolue. Que ma fille subisse ce que j’ai subi enfant. Grandir dans une famille instable et en porter les stigmates à l’âge adulte. »
Une enfance jalonnée de violences physiques et de maltraitances psychologiques. Ali Leonardi nous raconte : l’enfer qu’elle a vécu, les traumatismes, les carences affectives qu’elle énonce clairement. Vous serez enveloppé d’une sensation de vide au fil des pages et elle ne vous quittera pas.
« Mon quotidien devient le théâtre de ce que je perçois comme un déferlement de haine et de violences pour des raisons qui m’apparaissent à chaque fois de plus en plus futiles. Si j’ai un regard de travers, c’est un crachat. Si je refuse de manger, je reçois un coup de spatule métallique qui vient m’ouvrir la cuisse jusqu’au sang. Si je rigole trop fort, je suis traînée au sol par les cheveux sur plusieurs mètres. »
Elle relate et détaille ses souvenirs à l’âge tendre qui n’avaient pourtant rien de tendres. Est-ce pour mieux nous faire supporter sa décision ? Sans doute, parce que dans Mauvaise mère, elle secoue nos plus intimes convictions.
Comment peut-on en venir à renoncer à ses droits parentaux ? Comment peut-on penser que son enfant sera mieux sans nous ? Est-ce là la plus belle preuve de l’amour maternel ? Une expérience passée de la brutalité, une détresse infantile toujours à vif, quand cette enfant devient mère à son tour, a à peine 18 ans, il y a malheureusement fort à parier qu’elle aura toutes les difficultés à devenir celle sur qui son enfant devrait pouvoir compter. La détresse psychique d’Ali la plonge dans un état d’impuissance sans recours.
« Je peux donner beaucoup à Nina, mais assumer de prendre cette place à la fois maternelle, protectrice, éducatrice {..}Ce n’est pas possible pour moi. Je ne suis tout simplement pas faite pour être mère. »
Ce témoignage est bouleversant de vérités, la justesse des sentiments de cette jeune maman qui porte le regret maternel dans ses tripes, vous saisira sans réserve. A ne pas lire en période de fragilité émotionnelle.
En hommage à Ali Leonardi décédée en novembre 2024.
