Un film pour dire l’intime de la maternité

Barbara tombe amoureuse de Nicolas.  Barbara est en train d’écrire sa thèse de philosophie. Barbara tombe enceinte.

« A partir de maintenant vos pires ennemies sont votre mère et votre belle-mère et tous les gens de votre entourage qui ont déjà de enfants, n’écoutez personne et tout se passera bien », voilà le tout premier conseil qu’elle reçoit et c’est celui de sa gynéco lors de l’écho de datation.

L’héroïne s’interroge sur son instinct maternel et son envie de devenir mère dès le début de sa grossesse.

« Je me sentais comme possédée, habitée par un alien qui commandait mon intérieur ».

Toutes les étapes de la grossesse y passent : les nausées, les poussées d’hormones, la libido, les envies, les premiers mouvement in utero, la découverte du sexe du bébé, la recherche d’un prénom, la découverte du matériel de puériculture, les cours de préparation à l’accouchement. Ce film n’est pas un documentaire et pourtant il détaille en accéléré ces 9 mois de bouleversements.

« Je n’étais plus que spasmes et convulsions. Je n’avais plus aucune idée du temps, ni pourquoi j’étais ici. Pourquoi personne ne m’a prévenu ? Pourquoi ma mère ne m’a rien dit ? ».

Les émotions de l’accouchement sont pures. Celles du papa, son regard. Celles de la maman : « Il doit y avoir un programme dans le cerveau qui supprime le souvenir de la douleur car plus tard tout se sera effacé de ma mémoire, comme par magie. »  Le temps est comme suspendu à la maternité : ce moment où sa fille ouvre les yeux pour la première fois alors qu’elles sont toutes les deux en chambre, ce moment où la mère hésite à appeler les sage-femmes car elle ne sait pas comment faire. Ce moment où elle se rétracter pour essayer, seule. Cette scène où elle met sa fille au sein, bouleversée et oscillant entre douleur et bonheur. Ses larmes de prise de conscience qui coulent.

Le retour à la maison est illustré par une fatigue invincible, des phobies d’impulsion, le manque de temps pour soi, le bordel général, les cafés réchauffés, la rééducation du périnée. La réalité d’une jeune mère est merveilleusement bien jouée par l’actrice Louise Bourgoin. Pas de romance : le ton est juste, le réalisateur n’a pas édulcoré l’expérience, il n’a pas non plus noirci le tableau.

Le film interroge également sur le rapport mère-fille « arrête de vouloir être une mère parfaite, contente toi d’être une mère médiocre comme moi » lui dit sa propre mère au détour d’une conversation en plein post-partum. Barbara se bat contre une belle-mère envahissante et intrusive aux conseils non sollicités. C’est drôle et malheureusement très commun.

« J’ai pas le droit d’être malheureuse, je suis devenue maman. Comment je pourrais me plaindre, c’est indécent non ? »

En bref, tout y est ! Un heureux événement ou la vision intime d’une maternité, sincère et sans tabous.

D’après le roman d’Eliette Abecassis si vous préférez les livres aux films.

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